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Vol 8 - Système alimentaire et numérisation : questions de transition

Technologie et innovation


Liste des articles

Numérisation dans le système alimentaire et transitions
Delphine Gallaud

Le système alimentaire actuel atteint des limites de soutenabilité, économiques, environnementales et sociales. Il a un impact environnemental élevé, il contribue à plus du tiers des émissions de GES au niveau mondial. D’autre part, il a également des conséquences sociales sur la santé des consommateurs, la surconsommation de produits transformés entraînant la hausse de l’obésité mondiale, des maladies cardiovasculaires et des cancers. Comme l’ensemble de l’économie, le système alimentaire est touché actuellement par la diffusion des techniques numériques : robotisation, internet des objets, objets connectés, big data. La technique des blockchains y trouve également un champ d’application favorable car le système alimentaire s’est inséré, depuis les années 1980, dans les chaînes de valeur globales et que l’enjeu de la traçabilité des produits et de la possibilité de renforcer la capacité de preuve et allégations dans le cadre de la stratégie RSE des entreprises favorise sa diffusion. Ces techniques sont censées constituer une nouvelle révolution industrielle faisant évoluer les systèmes productifs vers des systèmes dits 4.0. Leurs promoteurs leur attribuent également une capacité à remédier aux limites de soutenabilité, en particulier environnementales. L’objectif de l’article est d’analyser leur diffusion dans le système alimentaire et leurs effets. Sont-elles réellement en capacité de remédier aux enjeux de soutenabilité, ou au contraire, ne vont-elles pas contribuer à bloquer l’émergence de trajectoires alternatives en renforçant la trajectoire du système actuel et en créant des effets de verrouillage sociotechnique ?


L’intelligence artificielle pour les innovations technologiques agricoles ? Une révolution !
Didier Lebert

Jusqu’à quel point l’intelligence artificielle (IA) transforme-t-elle les manières d’innover dans ses nombreux domaines d’application ? Nous proposons une méthode originale fondée sur l’analyse des réseaux pour repérer les inflexions de trajectoires technologiques et les ruptures paradigmatiques que les innovations dans ce domaine engendrent dans l’agriculture. Nous l’appliquons sur la période 2013-2019 en utilisant des données de brevets. Nous montrons que l’IA joue un rôle moteur dans la transformation des processus d’innovation dans le domaine agricole, en lien avec les défis qui se posent dorénavant en matière de gestion des récoltes.


Digitalisation des exploitations agricoles – Déterminants et impacts de l’adoption des innovations numériques
Isabelle Piot-Lepetit, Mauro Florez, Karine Gauche

Afin de mieux comprendre les déterminants et les impacts de l’adoption des technologies numériques dans le secteur agricole, cet article met en place une double revue de la littérature, pour explorer les cadres théoriques permettant d’appréhender l’adoption de nouvelles technologies et proposer un cadre d’analyse – le modèle Technological Adoption and Appropriation (T2A) – décrivant le processus d’adoption selon 3 étapes : (1) une phase de découverte, (2) une phase d’adoption et (3) une phase d’usage et d’appropriation. Ces étapes sont caractérisées par 4 déterminants : individuel, organisationnel, technologique et contextuel. Le processus d’adoption se déploie dans le temps, avec une mise en place qui peut être poursuivie ou stoppée à chacune des étapes considérées. La seconde revue de la littérature illustre l’importance des facteurs individuels et organisationnels à chaque étape du processus d’adoption en agriculture, conduisant à des trajectoires de digitalisation variées. Les facteurs individuels et technologiques influencent l’étape 1 (découverte), alors que les étapes 2 (adoption) et 3 (usage) sont aussi influencées par les facteurs organisationnels et contextuels.


Blockchain, supply chains et durabilité des systèmes agri-alimentaires : Quels impacts ? Une illustration à partir d’études de cas
Florent Saucède, Isabelle Piot-Lepetit

La blockchain est une technologie numérique dont le potentiel a été plébiscité pour répondre aux besoins de traçabilité et de transparence des supply chains et embrasser des problèmes de durabilité tels que la réduction des impacts environnementaux, la vérification des conditions de travail et de la qualité des aliments, ou encore l’amélioration de la rémunération des acteurs impliqués. La littérature sur le sujet présente des arguments variés sur le potentiel d’utilisation de la blockchain, avec très peu de validation empirique. L’objet du travail réalisé ici est de rechercher les moteurs réels d’adoption de cette technologie et les impacts observés par les participants. Pour ce faire, nous avons réalisé une revue de la littérature des cas d’étude du développement de blockchains appliquées aux supply chains. Les articles ont été analysés selon différents éléments internes et externes aux systèmes agri-alimentaires pour caractériser les facteurs décisionnels conduisant à développer une blockchain ainsi que les avantages et les inconvénients à sa mise en place. Nous apportons une compréhension de l’influence de la blockchain sur les activités des systèmes agri-alimentaires et leurs conséquences en termes socio-économiques, environnementaux et de sécurité alimentaire.


La convention citoyenne étudiante : quel impact sur l’horizontalisation du processus décisionnel et le système alimentaire de l’université Paris Est Créteil ?
Emilie Frenkiel, Hajar El Karmouni

La convention citoyenne étudiante est un dispositif participatif de réflexion et action collectives sur des sujets complexes. La première CCE organisée à l’UPEC a abordé l’alimentation dans une approche systémique intégrant des enjeux environnementaux, sanitaires, politiques, économiques et sociaux. En s’appropriant et questionnant l’alimentation proposée sur le campus et en participant à ce processus décisionnel, les étudiant.es s’inscrivent dans une démarche d’horizontalisation pour répondre à un besoin imparfaitement satisfait. Dans cet article, nous décrivons dans un premier temps la convention citoyenne étudiante (CCE) comme un dispositif participatif de réflexion et action collectives (à travers notamment le processus de délibération ouvert). Nous analysons le processus de construction de la délibération et les propositions d’un système alimentaire alternatif à celui qui est proposé. Nous donnons à voir dans une dernière partie la mise en place du processus d’horizontalisation ainsi que les conditions de réussite de la CCE. Nous nous basons sur les propositions formulées pendant la CCE, les échanges sur la plateforme en ligne dédiée à la délibération citoyenne (Decidim), des questionnaires pré et post-module et des entretiens semi-directifs auxquels les étudiant.e.s ont répondu.


Contribution de la sélection participative décentralisée à la capacité d’innovation variétale : cas du riz pluvial à Madagascar
Fanilo Ny Aina Ramanitrinizaka, Kirsten vom Brocke, Lolona Ramamonjisoa, Landiarimisa Ramanankaja, Alain Ramanantsoanirina, Ludovic Temple

Dans le contexte de l’agriculture tropicale, la faible adoption de nouvelles variétés proposée par la recherche agronomique interpelle la mise en oeuvre de programmes de sélection participative décentralisée (SPD). La fonctionnalité de ces derniers reste cependant peu documentée. Nous questionnons cette dernière en posant l’hypothèse qu’elle est reliable à la génération de différentes ressources dans l’activation des capacités à innover collectivement. Ce test est méthodologiquement renseigné par un dispositif d’enquête dans le cadre d’une SPD sur le riz pluvial dans les Hautes Terres de Madagascar. Les résultats révèlent des changements liés à la participation à cette SPD dans les systèmes de production (utilisation d’autres types de fertilisation, application des techniques de semis en carré pour faciliter le sarclage) et la réutilisation des nouvelles variétés testées. Ils confirment aussi le renforcement du lien social par la structuration d’une organisation paysanne. Ils caractérisent enfin les principales capacités à innover qui ont été renforcées, notamment celles qui conduisent à comprendre un système complexe et apprendre à agir collectivement.

Autres numéros :

2024

Volume 24- 9

Les filières de production dans la bioéconomie

Science-fiction et les enjeux de l’imaginaire technologique

2023

Volume 23- 8

Intelligence artificielle et Cybersécurité

Fictions audiovisuelles et imaginaire technologique

Le jeu pour innover

Système alimentaire et numérisation : questions de transition

2022

Volume 22- 7

Trajectoires d’innovations et d’innovateurs

Blockchain, open innovation et propriété intellectuelle

Recherche responsable et responsabilité académique

Sciences en société partagées

2021

Volume 21- 6

L’innovation collaborative

Outils de l’analyse structurale de l’innovation

Petites et moyennes universités et valorisation de la recherche

Histoire d’innovations, histoires d’entrepreneurs

2020

Volume 20- 5

Les systèmes produit-service

Biographies d’innovation

Politiques et modèles d’innovation en Afrique

Propriété intellectuelle et stratégies d’innovation

2019

Volume 19- 4

L’innovation agile

L’économie circulaire : innovations avenir

Science fiction et conception de l’innovation

Inventions et histoire des techniques

2018

Volume 18- 3

Analyse systémique et petites entreprises innovantes

Processus collectifs d’innovation

Dynamiques d’innovation dans les industries aérospatiale et de défense

Innovations citoyennes

2017

Volume 17- 2

Techno-économie des risques industriels

Innovations agro-écologiques et Développement

Innovations de mobilité. Transports, gestion des flux et territoires

Culture Technique et Culture d’Innovation


2016

Volume 16- 1

Stimulateurs de l’entrepreneuriat innovant

L’inventeur, l’innovateur et l’industriel