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Ce dernier demi-siècle a vu un développement considérable d’interfaces institutionnelles participant à la « grande standardisation » des systèmes scientifiques et d’innovation. Les limites de ce modèle sont apparues pour de multiples raisons, aussi bien économique que politique ou culturel. De fortes évolutions s’inscrivent dans le contexte d’une démocratie plus délibérative qui impacte nécessairement la production et les institutions scientifiques ou techniques et bien entendu la nature et les politiques de l’innovation. L’interrogation est donc de savoir si ce mouvement relevant
d’une « démocratie technique » va s’installer durablement. Nous consacrons ce numéro aux innovations citoyennes, participatives, liées peu ou prou aux questions techniques et scientifiques. Il met en avant des échelles et focales diverses dans ces domaines de « l’innovation sociale et citoyenne » en s’appuyant sur des exemples de transformations en cours.
Cet article s’interroge sur l’écart insurmontable existant entre un idéal démocratique d’implication et de participation citoyenne, exprimé dans des formes contemporaines, et la réalité de biais et contraintes fortes pesant sur les processus et dispositifs de participation et délibération, notamment et principalement dans le cas des rapports technoscience et société, communément désignés sous le vocable de « démocratie technique ». Il utilise pour en penser l’articulation et les éventuels dépassements, les apports récents des sciences sociales et humaines, notamment des sciences et théories de l’organisation.
Dans cet article, on s’intéresse à la problématique du suivi environnemental d’une ancienne mine d’uranium. Le cas particulier de l’ancienne mine de Pen Ar Ran (Loire-Atlantique) montre que si aucune instance de concertation avec les populations n’a été mise en place, un groupe de citoyens s’est organisé pour contribuer à la décontamination de certaines zones impactées par la radioactivité des stériles miniers. On analyse la trajectoire empruntée par cette cause collective ainsi que les moyens mobilisés par les citoyens dans la production des connaissances liées à la radioactivité.
L’innovation est aujourd’hui la modalité de développement des projets à l’échelle de la ville et des territoires. L‘innovation des territoires devient ainsi un déploiement techno-structurel qui poursuit la manière classique de « planifier ». Depuis plus de vingt ans, sous l’influence d’intellectuels, cette planification a dû aussi se questionner au regard des questions sociales et intégrer une forme d’ouverture grâce à la participation. Dans ce but, l’innovation sociale et l’innovation territoriale ont été associées sans questionner la capacité de chaque acteur (public, privé, semipublic) à se
reformer sans renier son rôle classique. L’analyse proposée invite à regarder si et comment les démarches participatives facilitent l’implémentation de l’innovation dans les territoires.
Les sciences participatives et citoyennes ont pris depuis une dizaine d’années un essor sans précédent, dans un grand nombre de disciplines, s’appuyant sur une large mobilisation citoyenne, le développement du numérique et de nouvelles formes d’interaction science-société. Pour les questions d’écologie et d’environnement, le citoyen est souvent cantonné dans la production de données. Notre objectif est d’étudier les innovations récentes, dans des programmes dédiés à l’écologie et l’environnement, qui impliquent plus le citoyen dans l’analyse, l’interprétation ou la construction de nouvelles questions à partir des données récoltées, et d’en tirer des leçons pour l’avenir. Au travers de l’étude d’une trentaine d’exemples, nous analysons les différents types d’implication citoyenne, les facteurs favorisants, les outils mis en oeuvre. Nous en déduisons une typologie des projets de sciences citoyennes au regard de leur capacité à impliquer les participants dans l’analyse et l’interprétation. Nous concluons par quelques pistes de développement pour les coordinateurs et gestionnaires de programmes de sciences participatives.
La recherche scientifique est sollicitée pour investiguer les grands défis sociétaux posés par nos sociétés contemporaines. Une approche transversale est requise se traduisant par le développement de recherches à différentes interfaces et notamment celles liant les sciences expérimentales, sociales et humaines. Cependant, ces avancées ne prennent pas suffisamment en compte les problématiques citoyennes directement en prise avec ces défis. Nous montrons que la Recherche Action Participative permet de développer des méthodologies de recherche propres pourvu qu’elle puisse se déployer dans des espaces hybrides permettant la rencontre et le travail pérennes des différentes parties prenantes d’une recherche : chercheurs, associatifs, praticiens, etc. Nous relatons l’expérience menée par le GDR CNRS PARCS dont le fonctionnement s’apparente à un laboratoire de recherche hors-mur, l’impact qu’il a eu sur ses membres notamment au travers de cycles de formation et les conclusions positives qui en sont issues.
Cet article présente une réflexion sur le rôle de la maîtrise de l’information dans l’analyse et la médiation de controverse, considérée comme un dispositif social innovant. Il s’appuie sur une méthodologie originale d’analyse des controverses liée au contexte informationnel complexe actuel. Cet article développe notre méthodologie originale, synthétise les principaux résultats préliminaires de sa mise à l’épreuve auprès d’un public étudiant depuis 2014 et propose des pistes de réflexion pour l’affinement progressif de cette méthodologie d’analyse.
Cet article propose de réfléchir à l’apport de l’esprit « fablab » dans la transformation du métier d’ingénieur et en particulier de celui du métier d’ingénieur généraliste. Ouvrant à des dynamiques de co-construction et de communication entre acteurs hétérogènes (scientifiques, ingénieurs, citoyens, travailleurs), associant « bricolage » [SEN 08] et « rétro-ingénierie » [BEN 12], ces environnements semblent pouvoir renouveler les démarches de conception, voire même la culture et le métier d’ingénieur. Dans le cadre du paradigme actuel de « l’innovation », entendue comme un
appel à « décloisonner », à sortir des « frontières » (pédagogiques, disciplinaires, territoriales et managériales –entre les espaces des écoles, de la recherche, de l’industrie, de la société civile…-), cet exemple nous semble tout à fait emblématique des problèmes que peut soulever ce genre d’initiatives, qui tout en étant parfois très concrètes, demeurent également encore largement performatives.
Cet article présente les premiers résultats d’une recherche s’appuyant sur un dispositif original Artivistes-atelier en recherche action participative analysant la fabrique participative des politiques publiques prenant en compte l’air, notamment les Plans Climat Air Énergie Territoriaux PCAET sur le territoire autour de Montpellier. En détaillant le design élaboré, l’article décrit le processus participatif permettant la construction d’une cartographie dynamique des actants impliqués/impactés et leur capacité d’action sur la qualité de l’air à l’échelle du territoire de Montpellier. Ce résultat permet de questionner par le prisme du dispositif Artivistes-atelier, les ressors et les potentialités de la mobilisation citoyenne relative à la démocratisation des enjeux socioenvironnementaux englués dans le mille institutionnel des modes de gouvernance territoriaux. Pour cela l’article décrit plus largement l’expérience de terrain dont est issu le dispositif, une expérience pragmatique, réflexive et critique. Cet article est l’occasion de construire un premier jalon comparatif s’intégrant dans un projet ADEME en R&D, intitulé Air Climat Santé Société & Art visant dans une logique de Recherche Action Participative à accompagner la mise en oeuvre des politiques publiques en faveur de la qualité de l’air extérieur. Les résultats présentés dans l’article et les limites identifiées du dispositif Artivistes-atelier permettent de nourrir la réflexion sur les potentialités de prise en charge des enjeux sur la qualité de l’air extérieur par l’ensemble des acteurs d’un territoire avec comme tête de proue le citoyen dont la participation demeure à l’heure actuelle une arlésienne.
2024
Volume 24- 9
Les filières de production dans la bioéconomie2023
Volume 23- 8
Intelligence artificielle et Cybersécurité2022
Volume 22- 7
Trajectoires d’innovations et d’innovateurs2021
Volume 21- 6
L’innovation collaborative2020
Volume 20- 5
Les systèmes produit-service2019
Volume 19- 4
L’innovation agile2018
Volume 18- 3
Innovations citoyennes2017
Volume 17- 2
Innovations de mobilité. Transports, gestion des flux et territoires2016
Volume 16- 1
Stimulateurs de l’entrepreneuriat innovant