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Vol 4 - Numéro 1

Arts et sciences


Liste des articles

La passion du vol : de Léonard de Vinci à Jean Letourneur
Bruno Chanetz

Léonard de Vinci a embrassé les carrières d’ingénieur et de peintre avec un égal talent et une même réussite. S’il n’est cependant pas l’auteur de la théorie du vol, due quatre siècles plus tard à un autre autodidacte Fréderik Lanchester, il en a posé les premiers jalons. Cet article rappelle sa quête pour arracher l’homme à l’attraction terrestre. Il se poursuit par l’évocation de l’oeuvre d’un médecin Etienne-Jules Marey, qui au crépuscule du XIXe siècle réalisa les premières images du mouvement fluide. On présente ensuite les visualisations réalisées dans la seconde partie du XXe siècle par un ingénieur de l’ONERA Henri Werlé. Ses films et ses photographies scientifiques furent une source inépuisable d’inspiration de l’artiste Jean Letourneur pour son oeuvre sculpté et dessiné, prouvant qu’encore aujourd’hui l’art et la science ne sont pas des univers disjoints.


Géométries du mouvement
Jean Letourneur

Léonard de Vinci fut un précurseur dans le domaine de la mécanique des fluides, aussi bien par son approche expérimentale que par ses applications simplement artistiques. Sa démarche aura dicté la mienne. Fidèle à cette méthode, j’ai pu investir les domaines de la Turbulence en une véritable « quête de l’unité » comparable à celle des scientifiques d’aujourd’hui lorsqu’ils tentent d’aboutir à une description cohérente des lois de la Nature. Fondée notamment sur l’invariance d’échelle, cette quête m’aura permis de prendre place parmi les précurseurs de l’ « art fractaliste », dont Léonard aura posé les prémisses aussi bien par ses études de la croissance des plantes que par ses analyses des mouvements de l’eau.


Les fabriques du vivant
Ruth Scheps

Un livre (Xénobiologie, de Marie-Christine Maurel et Michel Cassé) et deux expositions (La Fabrique du vivant au Centre Pompidou, Formes vivantes au Musée national Adrien Dubouché à Limoges) ont témoigné en 2019 d’un intérêt convergent pour le vivant : la science l’étudie et le synthétise ; l’art l’imagine et s’en inspire pour le représenter, le bio-art pour le recréer. La mythologie et la littérature ont révélé depuis longtemps la porosité des catégories de vivant et non-vivant dans l’imaginaire des peuples. Les expérimentations contemporaines menées par les scientifiques (biologistes, informaticiens, mathématiciens) et les créateurs (artistes, designers, architectes) tendent à estomper la séparation entre le vivant/naturel/sujet et le non-vivant/synthétique/objet. Elles donnent lieu à de nouvelles hybridations, des « vies partielles » dont les raisons d’être vont de la multifonctionnalité à visée écologique au questionnement philosophique sur le statut du vivant et la place de l’humain dans le monde numérique. Le présent article entend prolonger ce questionnement et attirer l’attention sur les implications éthiques des oeuvres mixtes auxquelles la plupart de leurs créateurs n’accordent qu’une place restreinte.


Dans les paysages de Motten Morvan : une expérience d’art écologique
Anaïs Belchun

Cet article présente un travail de création-recherche en art, croisant des réflexions sur le paysage et l’écologie. Comment une pensée de l’écologie peut-elle guider des pratiques artistiques et paysagères ? Quel rôle peuvent jouer la recherche universitaire et création artistique dans le partage et le déploiement d’une vision du monde écologique ? Ces interrogations ont été explorées à travers un projet fondé sur une démarche de création-recherche et une démarche de création inductive. Je présente ici les particularités méthodologiques et épistémologiques de ce processus de recherche, à travers des expérimentations concrètes. Je présenterai ensuite les expériences artistiques et paysagères qui ont été mises en oeuvre sur le site de Motten Morvan. Il s’agit d’abord de créations artistique in situ, sous la forme d’un sentier paysager et la conception d’installations ; ensuite d’actions pédagogiques, à travers des ateliers d’écoformation par les arts du paysage. Cette expérience d’art écologique propose ainsi une piste de réflexion pour comprendre comment l’étude et la pratique des arts du paysage peuvent nous aider à mieux habiter la Terre.


Tu es plasticien, tu travailles sur l’agriculture, donc tu travailles sur le paysage ?
Didier Christophe

Lorsque l’on est plasticien, travailler sur l’agriculture ou travailler sur le paysage n’est pas équivalent. S’appuyant sur la recension de ses expériences de chercheur en arts, d’enseignant dans l’Enseignement agricole et de chargé de mission animation et développement des territoires, autant que sur la productions scientifique d’autres chercheurs, l’auteur aborde la place du paysage dans le vécu des agriculteurs et des acteurs du monde rural, à l’épreuve du terrain. Intégrant des points de vue agricoles (en Limousin, Berry, Cantal) et géoagronomiques, il les confronte à des témoignages issus de la littérature régionale et de l’histoire de l’art, afin d’étayer son positionnement de chercheur-créateur.


Proposition de mise en conscience à l’unicité du Monde par le paysage
Jean-Charles Lefranc

La vie est une géographie et le paysage une présence en conscience aux mondes. La Terre est la maison que nous partageons avec l’ensemble de tous les autres êtres vivants. Cette présentation a pour objectif de mettre en perspective les paysages planétaires dans les diverses représentations de ceux-ci par les peuples autochtones, à travers une conscience holistique des paysages, à la fois lieux de vie et ressources pour le vivant. Afin de remettre en perspective nos représentations occidentales des paysages, j’ai proposé via un support photographique de suivre un chemin à travers l’escarpement sinueux d’une réflexion plurielle transversale et intégrale du paysage planétaire (photographies prises lors de mes voyages). Ce questionnement pluriel a pour vocation d’ouvrir l’auditoire aux démarches écosystémiques de l’être en conscience dans le paysage, vécu dans le cadre des liens d’interdépendance. Le cheminement qui vous est proposé ici s’appuie sur un questionnement personnel à travers le prisme universel. Chaque question est une proposition, une invitation au voyage par le changement même de perspective sur le paysage lui-même. La rencontre entre l’envie et les « possibles–paysages », met en synchronicité les métamorphoses et les synergies des implications ouvrant aux consciences des mondes. Cette approche systémique peut être mise en lien avec une approche sphérique des représentations des mondes du Vivant.