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L’illuviation particulaire existe aussi bien en contextes subarctiques/alpins que sub-arides. L’illuviation d’argiles fines ou silteuses est contrôlée via le pH par les propriétés géochimiques de surface des particules (loess, alluvions, plages fossiles ou dépôts de pente). Plusieurs processus peuvent entraver l’illuviation fine comme dans les paléoenvironnements acides, calcaires ou volcaniques. Le « point de charge nulle » (ZPC) de la surface minérale ou du complexe argilo-humique règle les conditions optimales de dispersion ou floculation des particules. Cela implique que ce processus illuvial est un facteur précoce lors l’évolution du sol, dans une fenêtre de pH étroite, mais peut être réactivé par le rajeunissement du sol après érosion ou par dépôt de loess, des apports superficiels naturels ou anthropiques, par enfouissement, par changement du fonctionnement hydrique ou de la couverture végétale. Les sols de nos régions résultent d’une histoire complexe et cumulative depuis au moins 50 voir 120 ka, modulée par l’évolution du climat et de la biosphère. Les revêtements argileux ne représentent pas nécessairement l’interglaciaire Holocène mais peuvent attester d’interstadiaires weichséliens, même très brefs, voire de l’interglaciaire précédent.
Pour comprendre plus finement les interrelations entre archéologie et pédologie, on peut décrire avec précision les objets visés et les protocoles utilisés par les uns et les autres, en confrontant des expériences concrètes et en tentant une montée en généralité pour construire la comparaison. Nous avons pris le parti ici d’y associer quelques considérations sur la métaphysique du temps car elles nous semblent trop peu utilisées dans l’exercice scientifique ordinaire, et pourtant susceptibles d’apporter des éclairages nouveaux. Ainsi, la distinction ontologique fondamentale entre événements et processus nous parait particulièrement féconde dans ce débat et permet de tempérer quelque peu toute tentative de fusion (ou d’intersection) entre ces disciplines.
À proximité de Metz, les fouilles préventives réalisées sur un versant de 5 ha de la commune de Woippy, ont mis au jour un domaine foncier, en activité entre le VIIe et le XIIe siècle. Les vestiges comprennent des zones d’habitats auxquelles on peut associer des zones de parcellaires et de cheminements. Ce versant qui présente une topographie à pentes fortes s’est développé sur un substrat limono-argileux à argilo-sableux peu perméable. Les indices carpolo-giques indiquant le type de cultures dans les parcelles existent mais de manière relativement discrète ; les différents horizons pédologiques découverts s’articulent avec le parcellaire en petites lanières, avec des traits pédologiques de lessivage plus ou moins marqués selon la position topographique. Par ailleurs, les fouilles ont mis au jour un système complexe de drains et de fossés collecteurs d’eau, qui a constitué une étape préliminaire à l’implantation des bâtiments et qui a organisé progressivement le parcellaire dans sa forme définitive. La gestion du ruissellement apparaît alors comme un paramètre déterminant dans la structuration archéologique du paysage, tout comme la nécessité de recréer des drains et des bassins de rétentions s’est imposée lors de la fouille en 2018 pour limiter l’impact du colluvionnement dans le village actuel.
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