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Vol 1 - Faire la ville résiliente pour faire la ville plus sûre

Risques urbains


Liste des articles

Introduction
Christine Bouisset, Sylvie Clarimont, Julien Rebotier

A la croisée des chemins entre gestion des risques et gestion urbaine, ce numéro thématique propose de partager des perspectives méthodologiques et des retours d’expérience pour dessiner les contours d’un urbanisme potentiellement résilient.


Résilience des systèmes urbains : proposition d’un cadre méthodologique pour répondre aux besoins des exploitants
Michaël Gonzva, Bruno Barroca, Damien Serre

L’objectif de cet article consiste à présenter une démarche méthodologique de résilience développée depuis une dizaine d’années dans le but de prendre en compte la complexité des systèmes d’infrastructures critiques urbaines dans un contexte de maîtrise et gestion des risques. Cette complexité est appréhendée sous l’angle de l’omniprésence des interdépendances, communément démontrées comme vecteur de propagation des perturbations. La démarche
méthodologique a été appliquée à plusieurs systèmes urbains et a été testée dans le but d’y intégrer la complexité et de produire de la connaissance nécessaire à la formalisation de l’action en faveur de la gestion des risques.


La modélisation conceptuelle comme aide à la construction de villes résilientes
Laurie Boschetti, Damienne Provitolo, Emmanuel Tric

La résilience est un concept mobilisé par de nombreuses disciplines, et qui est depuis une dizaine d’année mobilisé par les cindyniques. Il est encore difficile aujourd’hui de trouver un accord sur sa définition et sur sa mise en application au sein de la communauté scientifique. Nous ne nous attardons pas ici sur les différentes définitions existantes, mais nous nous intéressons plus spécifiquement aux différents modèles de mise en application de la résilience que l’on retrouve dans la littérature. Nous nous focalisons plus particulièrement sur les modèles systémiques de résilience, qu’ils soient génériques, ou opérationnels et applicables par les acteurs. Les travaux retenus (Panarchy [GUN 02], Cycle Adaptatif [WAL 04], Resilience Alliance [RES 10], Spatial Decision Support System [BAL 13]), ne répondent que partiellement à notre objectif, qui est d’obtenir un cadre opérationnel d’aide à la construction des villes résilientes. Nous avons donc cherché à construire une nouvelle méthodologie permettant de construire des territoires et des sociétés résilientes. Nous proposons ainsi un nouveau modèle d’analyse de la résilience qui se base sur les travaux de nos prédécesseurs : le modèle CREAA. Celui-ci se focalise sur deux temporalités : l’avant et l’après événement, et est composé de quatre modules s’articulant autour de cibles majeurs déterminées en amont de l’étude, et permettant d’adapter le modèle en fonction de différents cas d’études (différents territoires et différents aléas).


Le projet du care pour une résilience permanente de la ville. Une étude sur trois transects urbains dans le 5e arrondissement de Paris.
Antonella Tufano

Les villes contemporaines sont concernées par des risques environnementaux (pic de chaleur ou de froid ; pollution...) qui touchent les populations les plus vulnérables. Dans ce cas, la résilience n’est pas seulement un processus de régénération s’activant a posteriori, mais pourrait s’inscrire dans une durée temporelle longue par un projet fondé sur la notion de care ; le projet urbain se transformant en un système de projets et en fonctionnant selon des temporalités multiples, cette stratégie urbaine du care serait le garant d’une résilience permanente. La proposition avancée s’appuie sur des recherches conduites entre 2013 et 2017 dans un secteur du 5e arrondissement de Paris à partir de l’observation des Ilots de Chaleur Urbains. Ce laboratoire urbain a permis de construire un système de projets, dont les effets varient en fonction de leur scalabilité (adaptation sectorielle à l’échelle micro et atténuation à l’échelle méso) et accompagnent une résilience urbaine constante et multi-partenariale.


L’urbanisme résilient déforme-t-il la ville ?
Mathilde Gralepois, Sylvain Rode

Les discours institutionnels et académiques se tournent désormais vers l’idée de « vivre avec l’eau ». Pour les services de l’État et les collectivités, la possibilité de faire une ville prête à vivre l’inondation semble faire consensus. Quelles sont les contradictions de la conception urbaine des quartiers récents construits en zone inondable ? Les principales solutions architecturales et urbanistiques reflètent le manque d’inventivité dans les choix de construction en zone inondable. L’idée d’une résilience urbaine systémique et partagée semble éloignée des pratiques concrètes mises en œuvre dans le cadre de l’urbanisme résilient. Les solutions destinées à améliorer la résilience se font souvent au détriment de l’urbanité des lieux et des qualités d’usage quotidien. Sur la base de cas d’études français, cet article montre qu’aujourd’hui les projets d’urbanisme résilient ne sont pas une traduction de la résilience urbaine dans sa définition systémique. L’urbanisme résilient est une traduction locale, négociée et potentiellement contradictoire des enjeux de la résilience urbaine. Nous proposons de dépasser ces contradictions en posant les bases d’un urbanisme résilient situé et attentif aux pratiques pour construire des espaces de transaction entre la ville et le risque d’inondation.


La transaction foncière comme mode de régulation en matière de protection contre les inondations. Analyse à partir de deux zones d’expansions de crue : l’Île Saint Aubin (Angers) et le déversoir de la Bouillie (Blois).
Mathilde Gralepois, Mathieu Bonnefond, Marie Fournier, Sylvie Servain

Construire la résilience de territoires peut passer, entre autres, par la mise en oeuvre de stratégies foncières élaborées par les acteurs publics. Dans le cadre de territoires urbanisés marqués par des opérations de densification et de renouvellement urbain, de nombreux cas d’étude permettent d’observer les conditions de mise en oeuvre de stratégies de prévention des risques d’inondation qui choisissent pour partie de délocaliser les solutions techniques de gestion des crues, afin de garantir ou d’aménager des zones d’expansion des eaux situées en amont des zones inondables
urbanisées dans des secteurs à la vulnérabilité faible ou réduite par un aménagement particulier. La mise en oeuvre d’instruments d’action foncière (acquisition, convention, expropriation, etc.) permet la (re)localisation de solutions de gestion de l’aléa hors de la zone inondable concernée. Nos cas d’étude porteront sur la mise en place ou le maintien de Zones d’Expansion de Crue (ZEC) à proximité des villes de Blois (déversoir de la Bouillie) et d’Angers (Ile Saint Aubin) en France. A partir de ces deux exemples, nous montrerons que ces actions foncières, entendues comme des
« transactions », correspondent à des échanges négociés, qui entrainent une reconfiguration des usages locaux et recouvrent une dimension stratégique qui dépasse la seule question des droits sur le sol. Nous questionnerons les modalités de mise en oeuvre de cette transaction foncière et sa participation à la construction d’une résilience territoriale.


Le tournant néolibéral de la résilience ? Pratiques et formes politiques de l’opérationnalisation de la résilience à Dakar
Leclercq Romain

Le concept de résilience et son opérationnalisation dans les politiques internationales ont été récemment critiqués par de nombreux auteurs comme outil de l’expansion d’une forme de « gouvernementalité » néolibérale. Dans les « pays du Sud » en particulier, son application dans des politiques d’adaptation aux risques se traduirait par un transfert de la responsabilité du risque, des pouvoirs publics vers les individus et « communautés », participant ainsi de l’extension d’une rationalité de marché à l’ensemble de la vie sociale. Pourtant, peu d’études s’intéressent aux effets
concrets des programmes d’adaptation et de résilience sur les populations ciblées par ces programmes. A partir d’une ethnographie d’un programme d’adaptation du territoire et de résilience face au risque d’inondation mis en place par la Banque mondiale et l’Etat sénégalais dans la banlieue de Dakar, cet article entend revenir sur la production des transferts de responsabilité liés à l’opérationnalisation de la résilience. Il montre que ces transferts s’opèrent selon des modes de représentation et des pratiques ancrées dans un contexte. Au final, la résilience appliquée aux populations confrontées au risque d’inondation apparait bien comme la composante d’une forme de « gouvernementalité », mais remettant l’Etat au centre de la gestion du risque, créant un régime de
pouvoir s’articulant plus que ne se confondant au régime néolibéral.

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